RM 186 - Femmes
Colette
vers 1905
Huile sur toile
Signé en bas à droite “J.E. Blanche”
158 x 118 cm - 62''1/8 x 46''3/8 in.
Provenance :
Barcelone, Museu Nacional d’Art de Catalunya, inv. 011126-000. Acquis en 1907 lors de la Ve Exposicion Internacional de arte de Barcelone
Expositions :
1906, Paris, Galerie Georges Petit, Exposition du Cercle de l’union artistique
1907, Bordeaux, LVe Exposition de la Société des Amis des arts, n°58
1907, Barcelone, V. Exposicion Internacional de Belles Artes, n°11
1910, Barcelone, Exposition de portraits et dessins anciens et modernes, n°9, p. 66
1973, Paris, Bibliothèque nationale, Colette, 10 mai - 15 septembre, n°114
1997, Rouen, Musée des Beaux-Arts, Jacques-Emile Blanche, peintre (1861-1942), 15 octobre 1997 - 15 février 1998, n°79, p. 179, p. 178, reproduit en couleur
Bibliographie :
Willy Colette, Sept dialogues de bêtes, Paris, Mercure de France, reproduit en noir et blanc
Battle Esteban, Francisco Guach Y Homs, Catalogo del Museo de arte contemporaneo, Barcelone, 1926, n°6, p. 308
Bohigas Tarrago Pere, "Apuntes para la historia de las exposiciones oficales de arte de Barcelona", Anales de los Museos de arte de Barcelona, 1945, p. 107
Artistes Estrangers del Museu D’Art Modern, Palais de la citadelle, Barcelone, 1984, n°82, p. 74
Museu D’Art Modern, Catàleg de pintura segles XIX i XX, Fons del Museo d’Art Modern, vol. 1 (A-L), Barcelone, Ajuntament de Barcelone, 1987, n°220
Bialek Mireille, Jacques-Emile Blanche à Offranville, peintre-écrivain, Offranville, mairie d’Offranville - musée Jacques-Emile Blanche, 1997, p. 52, reproduit en noir et blanc
Sidonie-Gabrielle Colette (1873-1954) était mariée à Henry Gauthiers-Villard (Willy), voisin de la famille Blanche à Passy. La jeune femme, devenue célèbre, et divorcée en 1906, entretint une correspondance avec Blanche. A propos de son portrait acheté en 1907 par le musée de Barcelone, Colette demanda à Blanche en 1930 : "m’avez-vous vue dans Barcelone, ma jeunesse vieillit-elle bien ?"
Dans Flore et Pomone de 1943, Colette écrivit : ”Jacques-Emile Blanche me prêtait volontiers le sien [de jardin] sans que j’en fisse usage, parce que je craignais de l’abîmer. C’est maintenant que je m’y promène en pensée, depuis que ses maîtres n’existent plus, ni le caniche café au lait qui, sensible, épris de distinction, se couvrait le front de cendres, voulait mourir, entrer dans les ordres, si Jacques-Emile Blanche lui disait à mi-voix, sur le ton du blâme : "Dieu, Puck, que tu as l’air commun... ! Le jardin de Jacques-Emile Blanche, tourné vers le nord comme l’atelier du peintre, possédait quelques-uns de ces beaux arbres disséminés sur Passy et Auteuil, dont on s’accordait à dire qu’ils avaient connu la princesse de Lamballe. Dans leur ombre serpentait, pour mon admiration, une rivière figurée en myosotis particulièrement bleus, touffus, égaux, qu’enserraient deux rives de silènes roses. Le ruisseau bleu guidait les visiteurs vers l’atelier où je posai pour trois portraits successifs. Jacques-Emile Blanche détruisit les deux premiers ; le troisième est au musée de Barcelone. Pendant les séances de pose, la froide lumière d’une grande verrière et l’immobilité m’accablaient de sommeil, et pour me tenir éveillée je regardais au-dessus de ma tête deux toiles également ambiguës : la délicieuse petite Manfred en travesti Chérubin, et Marcel Proust âgé d’environ dix-huit ans, la bouche étroite, les yeux très grands, paré d’une absence d’expression tout orientale. Il est sans exemple que Jacques-Emile Blanche ait peint autrement que Jacques-Emile Blanche. Seul le portrait de Marcel Proust diffère du reste de son oeuvre, par un faire extraordinairement lisse, une affection de symétrie, l’exaltation d’une beauté qui fut réelle et dura peu...”